La Tôlerie - 10>28/03

10 rue de Bien-Assis 63000 Clermont-Ferrand
Du mardi au dimanche de 14h à 18h

Entrée libre


Candice BREITZ (Allemagne)

The character

Produit par EMAF, avec le soutien du Programme Culture 2007-2013 de l’Union Européenne pour le projet Moving stories, porté par Contour (B), EMAF (D), Invideo (I), OK Centrum (A), Vidéoformes (F) et WRO (PL).

En 2010, j’ai été amenée, lors de mes recherches en Inde dans le cadre d’un autre projet en cours, à interviewer de nombreux enfants-stars de Bollywood. Tandis qu’ils se confiaient à moi, une image très particulière de l’enfance commença à se dessiner à partir de leur évocation des nombreux rôles qu’ils avaient tenus au cinéma. Tous leurs personnages, presque sans exception, étaient des enfants d’une grande beauté qui affrontaient, le sourire aux lèvres, de terribles épreuves physiques et psychologiques. Certains thèmes étaient manifestement récurrents : beaucoup d’enfants racontaient avoir joué le rôle d’un enfant autiste, d’un sourd-muet, d’un aveugle, d’un enfant handicapé ou atteint d’un cancer, ou encore d’un enfant mourant. La plupart d’entre eux avaient incarné un enfant abandonné par un de ses parents ou les deux, ou dont les parents étaient morts ou allaient mourir. Et quasiment tous avaient joué ou auditionné pour des rôles d’enfants martyrisés, défavorisés, maltraités ou nécessiteux.

 

À l’école Gundecha, dans la banlieue de Bombay, j’ai organisé un atelier avec des collégiens âgés de 11 à 16 ans, espérant que ces jeunes pourraient m’aider à comprendre la place des enfants dans le cinéma de langue hindi. À l’issue de l’atelier, chaque jeune participant ramenait chez lui un film dont le personnage principal était un enfant, avec pour mission de le regarder dans le week-end précédant le tournage. Chacun devait observer tout particulièrement le personnage de l’enfant dans son film. Lors du tournage, chaque jeune a été interviewé individuellement et amené à décrire le personnage en question, son rôle dans l’histoire du film, ses souffrances, puis à parler de cinéma en général. En décrivant quinze personnages fictifs de films connus, les quinze adolescents de 'The character' apportent chacun un regard différent sur le rôle de « l’enfant » (personnage ou spectateur) dans le cinéma commercial indien. Leurs valeurs – ainsi que leur vision du monde et leur attitude par rapport à la vie – sont souvent très proches de celles prônées par ces films. Ils nous racontent leurs rêves et leurs envies en se comparant aux jeunes personnages, en insistant sur l’importance de persévérer face à l’adversité, et sur la nécessité du happy end.

Artiste sud africaine, née à Johannesburg en 1972, Candice Breitz vit et travaille à Berlin. Depuis le milieu des années 90, elle a produit un ensemble de travaux sur les différents aspects de la structuration de  l'identité et de l’identification psychologique. Depuis 1999, elle créé majoritairement des installations vidéos dans lesquelles les relations entre une imagerie privée et une iconographie plus large produisent un espace de réflexion sur les relations entre l'individu et la communauté. La question de la transformation et de l'identification de l'individu au contact de la communauté est au centre de son travail : de la communauté familiale aux communautés réelles ou imaginaires, formées par des appartenances nationales, raciales, sexuelles ou religieuses, mais aussi par les influences culturelles de plus en plus indéniables des grands médias comme la télévision, le cinéma et la musique populaire.
Candice Breitz est professeur à la Hochschule für Bildende Künste à Braunschweig depuis 2007. Son travail a été récemment présenté dans le cadre d’expositions personnelles : Temporäre Kunsthalle (Berlin), Palais de Tokyo (Paris), De Appel (Amsterdam), San Francisco Museum of Modern Art, White Cube (London), STUK (Leuven)…
www.candicebreitz.net


Pawel JANICKI (Pologne)

Oceanus (2010)

Installation interactive, 2010
Produite par Wro, avec le soutien du Programme Culture 2007-2013 de l’Union Européenne pour le projet Moving stories, porté par Contour (B), EMAF (D), Invideo (I), OK Centrum (A), Vidéoformes (F) et WRO (PL).

Oceanus est une installation basée sur une narration interactive au scénario variable, mise en scène par le biais d'un logiciel informatique conçu par l'artiste lui-même. Le concept, au niveau de la structure et sur le plan de l'histoire, se réfère aux principes de la navigation marine, références qui, transposées dans un tel environnement, dirigent métaphoriquement le fonctionnement même de l'installation. Ces notions nous font voyager au travers de l'univers d'Oceanus et permettent la coexistence d'une narration linéaire et d'une narration interactive altérées par des choix et des processus générés aléatoirement. L'image contrôlée et générée par le spectateur peut-être comparée à une carte marine et s'inspire des caractéristiques spécifiques à celle-ci.

Le scénario d'Oceanus se réfère à la littérature et aux mythes associés au monde marin, de l'âge viking à nos jours en passant par des textes de la période médiévale.
L'installation est gérée par le logiciel "The Map", qui est un outil complexe qui sert à créer et enregistrer une narration interactive. Il construit les structures du scénario et propose des choix à la manière typique des systèmes orientés objet (par exemple Pure-Data ou Maw/MSP).
L'installation est présentée sous la forme d'une table spécialement dessinée pour l'occasion et munie d'un large écran tactile qui permet au spectateur de nombreuses  manipulations et interactions. Un second écran placé à la verticale permet en retour de visionner le résultat de ces manipulations.

Paweł Janicki (né en 1974) crée des systèmes audiovisuels interactifs, des installations et des performances basées sur des compositions algorithmiques et microsoniques (hum). Diplômé de l'université de Wroclaw, il travaille avec le WRO Art Center en tant que commissaire d'exposition et enseigne au département inter-média de l'académie des beaux arts de Poznan. En 2004, sa performance musicale en ligne sur internet, Ping Melody, a été récompensée au titre de grand prix 'netarts.org' par le musée d'art graphique de Machida City à Tokyo. Cette œuvre a aussi été nominée au Viper International Film, Video and New Media Festival de Basel.
Il est l'un des fondateurs et membre du Gameboyzz Orchestra Project, un collectif explorant l'esthétique « lo-fi » due à l'utilisation de consoles de jeux vidéo pour créer de compositions audiovisuelles. Ces travaux ont été présentés à la WRO Media Art Biennale (Wrocław), au Transmediale festival (Berlin), à Ars Electronica (Linz) ainsi qu'au Centre Georges Pompidou (Paris).
La récente installation audiovisuelle et interactive « Mapping Chopin » a été présentée en septembre 2010 lors de l'exposition « Where's Chopin? » au Warsaw Autumn Contemporary Music Festival ainsi qu'à la Dilston Grove gallery in Southwark Park à Londres.
paweljanicki.org


Nicolas PROVOST (Belgique)

Untitled

Court métrage de fiction réalisé à partir d’images d’archives.

On appelle « séquences d’archives » des vidéos ou films qui existent déjà comme, par exemple, des images de villes, des paysages, d’animaux... Elles sont disponibles, le plus souvent gratuitement, sur plusieurs sites web. Nombreux sont les réalisateurs qui utilisent régulièrement ces images préfabriquées pour faire l’économie d’un nouveau tournage. C’est ainsi qu’on retrouve souvent les mêmes séquences dans des productions différentes.

De grandes quantités d’images sont à la disposition du public dans les archives vidéo de l’armée américaine, de la NASA et d’autres institutions gouvernementales. Il existe même des sociétés spécialisées dans le tournage d’images destinées principalement à la publicité ou aux films d’entreprise.

Ces séquences sont généralement utilisées avec parcimonie pour leur qualité d’illustration. Nicolas Provost veut montrer ici la valeur esthétique et cinématographique des images d’archives, ainsi que leur pouvoir narratif. « J’ai constaté que les longs métrages ou les spectacles qui utilisent ce genre de séquences le font toujours timidement et à des fins informatives, sans jamais en extraire pleinement la beauté visuelle ou l’extraordinaire potentiel cinématographique. »

 

La vidéo débute sur le dialogue hors champ d’un jeune couple à l’aube d’une aventure amoureuse. Que va-t-il arriver ? Nicolas Provost parvient à raconter leur histoire en n’utilisant que des images publicitaires montrant un Boeing en vol sur fond de soleil couchant.

Pour l’artiste, « les images d’un avion de ligne vu de l’extérieur ont le pouvoir de nous faire rêver et nous offrent la possibilité de nous identifier à l’histoire, de réfléchir aux événements et aux personnages ».

 

Nicolas Provost est cinéaste et artiste en art visuel, revenu vivre en Belgique après avoir passé 10 ans en Norvège. Il vit et travaille désormais à Bruxelles. Son travail est présenté dans le monde entier dans des manifestations d'art contemporain comme dans des festivals de cinéma. Il a reçu de nombreuses récompenses et ses films ont été projetés dans les festivals les plus prestigieux comme : The Sundance Film Festival, The San Francisco International Filmfestival, Cinevegas, The International Film Festival Rotterdam, The Viennale, The Locarno Film Festival.
Son travail est une réflexion sur la grammaire du cinéma et la relation entre les arts visuels et l'expérience cinématographique. Il travaille sur les limites, les dualités, et l’équilibre entre le grotesque et l’émotion, la beauté et la cruauté, l'affectif et l'intellectuel. En intervenant sur le temps, les codes et les formes, il analyse le langage cinématographique et narratif, et raconte de nouvelles histoires.

www.nicolasprovost.tk